Montlouis : le patrimoine d’une cité ligérienne et viticole

L’Église Saint-Laurent

« Liberté Égalité Fraternité » et « République Française » ornent la façade principale de l’église de Montlouis-sur-Loire

Le premier édifice autour duquel se rassemblaient les habitants est un édifice religieux. C’est Saint Perpet, évêque de Tours à la fin du 5e siècle, qui fonde à Montlouis, une chapelle dédiée à Saint-Laurent. Cette modeste construction est remplacée, au début du 12e siècle, par un édifice en pierre. De cette époque subsistent le chœur voûté en cul de four et la base du clocher. L’église est agrandie aux 15e et 16e siècles. En 1870, puis en 1902, lors des travaux de restauration et d’embellissement, les architectes Guérin puis Brisacier n’hésitent pas à établir à l’intérieur de l’église des voûtes d’ogives. C’est en 1881, que le conseil municipal décide dans sa séance du 18 février 1881 de procéder à l’inscription de la devise républicaine qui orne habituellement les mairies. On ne connaît pas de manière certaine les raisons de cette inscription et si cette décision a été la source de nombreux débats. Cependant, on peut replacer cette décision de la municipalité de l’époque dans son contexte historique. Lors des débuts de la IIIe République, les Républicains ont voulu imposer le pouvoir de l’Etat sur l’Eglise. En 1880, la devise « Liberté, Egalité, Fraternité »  est officiellement adoptée et rapidement doit orner le fronton des édifices publics. Pour affirmer la mise au pas du monde clérical certaines églises verront ainsi inscrire la devise sur leurs frontons. Ce mouvement d’inscriptions républicaines se renouvellera après la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Est-ce pour affirmer l’église comme une propriété publique, que fut peut-être à cette date, gravée sur la façade les inscriptions : « Liberté  Égalité Fraternité » et « République Française », qui ornent habituellement les mairies.

Au 19e siècle, un aménagement urbain réparti en 2 pôles : le « haut bourg » et les quais

Le centre urbain ancien se déploie entre l’église, située au nord en bord de plateau et la rue Rabelais. C’est un espace dense aux rues étroites et sinueuses, car le tracé des rues a été déterminé par la construction des édifices. En 1865, afin de protéger le bourg des crues de la Loire, la partie basse de la rue Christophe Plantin est consolidée. Déjà en 1870, un plan d’alignement, est mis en place afin de faciliter les allées et venues des charrettes dans le bourg. En 1881 sont créées trois nouvelles voies qui reprennent d’anciens chemins piétonniers : la rue de la République, l’actuelle rue général de Gaulle (qui ne recevra ce nom qu’après la visite à Montlouis, le 9 mai 1959, de l’homme d’État) et la rue Nouvelle, qui elle, ne fut jamais achevée, puisqu’elle se termine par une impasse. Il est à noter que les événements politiques ont influencé les noms des rues puisque c’est le 25 novembre 1918 que le Conseil municipal choisit des appellations toujours utilisées : place du 11 novembre, rue Clemenceau, rue du Maréchal Foch. C’est à cette période (fin du 19– début DU 20e siècle) que de nouvelles maisons, construites en pierre de taille, se démarquent par leurs qualités architecturales plus soignées des simples maisons de bourg. C’est le cas des grandes demeures à deux étages, comme celles située 2 rue Clemenceau (actuelle Maison de la presse), dont la date de 1904 figure sur la lucarne, 1 avenue Gabrielle d’Estrées ou 7 place du 11 Novembre.

On trouve encore conservés en centre-ville d’anciens bâtiments qui témoignent du passé agricole, c’est le cas des granges, situés entre le 8 et 10 rue du général de Gaulle, sur le parking Foch, et 15 rue Rabelais. C’est ainsi qu’on peut encore découvrir une quinzaine de puits à margelle, certains sont cachés dans des petites cours ou des descentes de caves, d’autres sont bien visibles dans leur encadrement de pierre, rue Plantin ou rue Foch.

Sur les cinq moulins à vent, présents sur le plan cadastral de 1813, la base en forme conique d’un moulin cavier subsiste même, 30 rue Rabelais. Ce type de moulin encore répandu dans la région de Bourgueil était surélevé par rapport au niveau du sol pour bénéficier d’une meilleure prise au vent. Comme ce n’est pas le cas à Montlouis, on peut supposer que le plateau était très venté.

Les quais de Loire, lieu d’une activité ancienne

L’occupation et le développement des quais sont surtout liés à l’origine au commerce et au transport effectués sur la Loire, dans la mesure où le transport terrestre des voyageurs, de Tours à Amboise s’effectuait sur la rive droite. Les vestiges architecturaux (descentes empierrées, gros anneaux de fer) des ports de Montlouis ont pratiquement disparu, cachés par la végétation ou remblayés au cours du temps. Les archives donnent des indications sur l’emplacement de plusieurs ports. Le « grand port » se situait en face de la place Courtemanche, deux autres lieux de déchargement sont indiqués, au niveau actuel des n°41 et 51 quai Albert-Baillet. Paradoxalement, celui qui est mentionné clairement comme « le port de Montlouis » sur le plan cadastral de 1817 est situé sur l’autre rive, date à laquelle cette enclave fut cédée à la commune de Vernou. L’architecture des maisons du quai illustre cette évolution du bâti au cours des siècles. Ainsi, certaines maisons, par le volume caractéristique d’un toit très haut (quai, n°41-42) ou par leur matériau : pan de bois et brique (n°25) ou par leur décor architectural (n°36 : la Ramée) permettent une datation du 16e siècle. Beaucoup de maisons ont été reconstruites au 19e siècle et même au début du 20e siècle, rivalisant par la qualité des matériaux et la variété du décor (quai, n° 4 et 8 en 1870 ; n°18 en 1847 ; n°34 en 1912 ; n° 39 en 1916).

Le pont de chemin de fer

L’activité fluviale va être concurrencée par l’arrivée du chemin de fer. Le pont de pierre de 12 arches qui traverse la Loire à Montlouis, est inauguré en 1846, pour le premier train Paris-Tours. En 1944, le pont fut bombardé maintes fois par les aviations américaine et anglaise pour empêcher les communications allemandes. Les travaux de reconstruction, commencés à la fin de l’année 1944 durèrent jusqu’en 1947. En cours d’exécution, il fut décidé de rajouter 2 arches supplémentaires du côté de Vouvray.

Troglodytes et hameaux viticoles

L’habitat troglodyte est présent à Montlouis à la fois côté Loire et côté Cher. Au 17e siècle, Du Verdier, auteur d’un guide de voyage, note cet aspect insolite :

« le bourg de Montlouis n’a point de maisons élevées sur terre, mais bien quelques loges taillées sur le rocher, qui ne montrent au dehors que ces cheminées…. ».

C’est en effet la cheminée qui permet d’identifier si le troglodyte a servi d’habitation, car beaucoup de ces infractuosités, encore visibles dans le coteau ont servi pour l’extraction des pierres ou comme caves pour les vignerons.

Au 17e siècle, on dénombrait déjà environ 123 vignerons et laboureurs, leurs habitations formaient à l’intérieur de la commune de petits hameaux, disposés le long d’un axe. C’est ainsi que la rue de la Miltière et la rue de la Vallée offrent au promeneur le témoignage d’un habitat rural du 19e siècle où alternent, comme dans le centre bourg, modestes maisons et belles demeures en pierre de taille.

Malgré l’accroissement récent de sa population à partir des années 1950 et la construction de nouvelles zones pavillonnaires, Montlouis a su garder un patrimoine emblématique de la vallée de la Loire. Sa valorisation s’inscrit dans le cadre du label « Pays d’art et d’histoire » qui a été attribué au Pays Loire Touraine, qui regroupe autour d’Amboise, Montlouis, Vouvray et Château-Renault, 58 communes du nord-est tourangeau.

Partager cette page sur :